L'étude hydrobiologique - Projet INRAE
Depuis 20214, un observatoire environnemental du lac œuvre à l’amélioration de la qualité des eaux de la retenue, à la protection des milieux aquatiques, des espèces et des habitats naturels d’intérêt patrimonial, ainsi qu’à une meilleure gestion de la ressource en eau.
En 2023, le S.M.A.DE.SE.P. a conduit la Vème étude hydrobiologique du lac de Serre-Ponçon en partenariat étroit avec l’INRAe et l’OFB. Cette étude hydrobiologique vise à caractériser le fonctionnement du lac de Serre-Ponçon à partir de la physico-chimie de l’eau et des sédiments, ainsi que de la biodiversité planctonique. Cette étude aura donc pour objectif de mettre en évidence les évolutions potentielles de ce lac depuis les études antérieures, d’une part en terme de qualité de l’eau et d’autre part au niveau des peuplements planctoniques.
L’étude devra enfin émettre des recommandations de suivis « longs termes » pour l’observatoire environnemental afin de conférer aux futures études une couverture temporelle et une fréquence d’échantillonnage plus importantes qu’une « simple » analyse décennale de l’état de santé du lac.
Le S.M.A.D.E.S.E.P. et l’INRAe ont décidé d’un commun accord de mener un programme de recherche et de développement partagé pour la réalisation de cette étude hydrobiologique et piscicole de la retenue de Serre-Ponçon.
L' animation foncière en partenariat avec le Conservatoire du littoral
S’il œuvre résolument à l’aménagement qualitatif des espaces touristiques du lac de Serre-Ponçon, le syndicat a bien conscience que la première richesse économique de son territoire réside bien dans la qualité de son environnement et de ses paysages. Les politiques de développement qu’il conduit afin de créer de l’emploi local doivent donc s’équilibrer avec des actions de préservation fortes : en d’autres termes, l’attractivité touristique qu’il vise à renforcer dans une logique qualitative n’a pas vocation à conduire à la dégradation du patrimoine sur lequel repose une grande partie de cette même attractivité. Il donc doit demain être toujours possible, à partir d’un port ou d’une plage parfaitement aménagée, de pouvoir se retrouver, après quelques instants de navigation, dans un environnement paraissant paradoxalement « sauvage ». Aussi, le syndicat a-t-il souscrit un partenariat étroit avec le Conservatoire du littoral, établissement public de l’Etat sans équivalent en Europe, dont la mission est d’acquérir des parcelles du littoral, maritimes ou lacustres, menacées par l’urbanisation ou dégradées, pour en faire des sites restaurés, aménagés, et accueillants dans le respect des équilibres naturels.
Ce partenariat a pour objectif de contribuer à la préservation des espaces naturels et lacustres remarquables de Serre-Ponçon et constituer autour du lac un réseau de sites naturels gérés, dont la valeur économique, environnementale et sociale puisse être largement partagée au bénéfice des Communes riveraines et de leur population résidente ou de passage.
Une fois acquis, les terrains du Conservatoire sont confiés à des gestionnaires qui oeuvrent, à partir d’un plan de gestion établi par le Conservatoire, à la préservation et à la valorisation patrimoniales de ces espaces. Le lac des Bouchards sur la Commune de Savines-le-Lac est par exemple l’un de ces sites, qui, aujourd’hui acquis, doit prochainement connaitre une telle gestion environnementale.
La piscine flottante de Serre-Ponçon
Les sites touristiques de la retenue sont singuliers de par la pente de le berge et la sensibilité qu’elle induit en termes de bathymétrie. Des pentes importantes rendent l’aménagement de la berge difficile, en aggravant nettement le risque d’accès pour les visiteurs et pratiquants d’activités nautiques ou balnéaires. Cette situation se retrouve sur la plage de bois vieux (Commune de Rousset), au plus près du barrage. Le profil de baignade présente un risque liée à la forte pente, ne permettant pas au SDIS d’assurer la surveillance dans des secteurs de plus de 7 mètres de profondeur. Afin de sécuriser cette activité de baignade, point d’intérêt majeur du lac de Serre-Ponçon, le S.M.A.DE.SE.P. a fait le choix de préférer l’installation d’un bassin flottant à la construction d’une plage par opérations de déblais-remblais qui auraient été très impactants sur ce site. Depuis 2015, un prototype expérimental de piscine flottante de 250 m² est ainsi positionné lors de chaque saison estivale afin de garantir une baignade gratuite, originale et parfaitement sécurisée. L’équipement de près de 60 tonnes en charge est « hiverné » le reste de l’année dans une crique abritée du lac, distante de près de 4 kilomètres.
La baignade s’organise autour de deux bassins distincts, pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes : une patoigeoire de 70 cm de profondeur pour les enfants et un espace de nage pour les adultes présentant une bathymétrie de 1,50 m. Ces bassins proposent un fond et des côtés composés de lames ajourées en bois composites : c’est bien l’eau du lac qui les alimente en permanence et qui ne requiert ainsi aucun traitement particulier. Les plages présentes autour des bassins sont elles constituées d’un platelage en bois « naturel » (pin sylvestre traité classe IV pour plus de durabilité).
Les Îlots flottants végétalisés
Le fonctionnement hydroélectrique de la retenue de Serre-Ponçon (fort marnage hivernal, dépôts sédimentaires réguliers de la Durance, etc.) freine le développement de la biodiversité aquatique.
De fait, la végétalisation des berges est très peu développée, voire quasiment inexistante, et il apparait primordial d’offrir un habitat favorable aux espèces piscicoles de la retenue.
Le projet UROS s’avère être un dispositif visant à soutenir le stock des espèces identifiées tels que Brochets, Gardons – pour le bon fonctionnement écologique du lac de Serre-Ponçon.
L’Office français de la biodiversité (OFB), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et l’entreprise ECOCEAN, en partenariat avec le S.M.A.D.E.S.E.P., ont mené un projet de recherche et développement sur le lac de Serre-Ponçon visant à développer des îlots artificiels flottants et végétalisés recréant ainsi une zone rivulaire disponible en permanence pour la biodiversité.
L’objectif prioritaire était de recréer des zones de frayères et de nurseries pour les populations piscicoles « phytophiles » (ces espèces ont normalement besoin d’un support végétal pour fixer leur ponte annuelle). Ces structures flottantes, installées en septembre 2018 sur le lac, ont eu pour vocation d’offrir des zones de substrat immergé et de végétation propices à la reproduction des espèces et la protection des jeunes alevins ainsi qu’à la colonisation par les invertébrés et les micro-organismes aquatiques.
Grâce aux suivis scientifiques effectués ou agrégés par les partenaires du projet, une évaluation du dispositif a mis en évidence un gain écologique sur la biocénose du lac de Serre-Ponçon et ses rives. Ce bilan favorable, que le S.M.A.DE.SE.P., l’INRAe et l’OFB cherchent aujourd’hui à mesurer sur un pas de temps plus long (un suivi de 5 années supplémentaires a été convenu à partir de l’été 2022), conduit aujourd’hui le syndicat mixte à étudier des applications sur ses pontons portuaires ou sur des ilots flottants de plus grande ampleur (l’échelle de mise en œuvre pourrait être un facteur multiplicateur de l’efficacité du dispositif biologique).
L'ascenceur PMR de la Capitainerie
La capitainerie dispose d’un ascenseur PMR afin de permettre aux personnes à mobilité réduite d’accéder au ponton flottant depuis le quai. Cet équipement unique en son genre a fait l’objet d’une convention de recherche et de développement avec la société Poralu afin d’imaginer un élévateur s’adaptant au marnage, dans des budgets très inférieurs à ceux jusqu’à présents requis pour des dispositifs équivalents.
Le S.M.A.DE.SE.P. dans sa stratégie de développement est engagé dans une démarche d’accessibilité pour tous aux infrastructures portuaires et balnéaires. Cette expérimentation « grandeur nature » pourra permettre à d’autres destinations nautiques de prévoir des équipements efficients, pour des tarifs de moitié environ aux équipements préexistants.
Le ponton brise lame
La contrainte du marnage pour permettre l’activité plaisancière est une réalité très impactante. Elle pose la question de l’adaptation des pontons et des mouillages à des niveaux d’eau faibles de remplissage du lac, afin de maintenir au moins partiellement leur possibilité d’utilisation. En cela, la retenue de Serre-Ponçon est singulière et amène à innover en termes d’équipements portuaires. En effet, la plaisance, forte d’une capacité d’accueil de 1 250 anneaux sur la retenue, constitue un pôle d’attractivité nautique important.
La pérennisation de l’activité demeure donc essentielle à la vitalité économique de la destination, qui se propose de pourvoir à sa sécurisation par l’extension et la mobilité des ports pour les rendre résilients à des marnages plus forts…
Simple, diriez-vous ? positionnons donc les bouées de mouillage plus au large, là où la bathymétrie est plus importante !
Cependant, ces bouées implantées au large sont parfois soumises à des conditions climatiques sévères (vents), en posant la problématique de leur accessibilité depuis la berge lorsque le lac est rempli à son maximum. Il ne serait pas très sérieux d’exiger des plaisanciers qu’ils soient également des sportifs émérites pour rejoindre à la rame sur des centaines de mètres leur embarcation !
L’extension des pontons, dont l’extrémité échouera ainsi à des bathymétries plus basses et plus loin du bord, semble donc être la seule solution pour répondre à cette problématique complexe. Elle peut toutefois poser des problématiques d’insertion paysagère et de sécurité vis-à-vis de l’exposition de ces infrastructures au vent (vagues atteignant jusqu’à 0,80 m sur le lac).
Aussi, l’installation de protections physiques jusqu’à présent réalisées sous forme de digues ou de merlons, constitue un préalable à l’adaptation des infrastructures portuaires au marnage, que le réchauffement climatique pourra logiquement accentuer. Dans une logique de réversibilité, de diminution des impacts paysagers à cote basse, et de maîtrise des coûts, le S.M.A.DE.SE.P. envisage aujourd’hui l’implantation de pontons « brise-lames » qui pourraient sécuriser l’activité plaisancière au large, sans aménagements très impactants.
Si la technique des pontons flottants en béton est maitrisée depuis des décennies sur le littoral maritime, les difficultés d’échouage et de variabilité du niveau d’eau dans la retenue, la rendent peu envisageable sur Serre-Ponçon. Sans totalement exclure les technologies métalliques, les premières études de faisabilité privilégient plutôt des alternatives « souples » à inventer sur place : des systèmes reliant des modules en polyéthylène sont aujourd’hui ébauchés et devraient prochainement être testés en avant-première sur le grand lac des Alpes du sud.
L' adaptation de nos plages balnéaires et nautiques
La menace climatique se précise chaque jour un peu plus en menaçant directement les activités balnéaires et nautiques de la retenue. La sècheresse de 2022 a en été l’illustration même, pointant tout à la fois le déficit d’aménagement du lac à cote basse et la difficulté pour les usagers de l’aval de mesurer leur responsabilité directe dans le déstockage estival de la retenue. La sécheresse s’est ainsi traduite par la baisse considérable du niveau du lac de Serre-Ponçon, qui a atteint fin août la cote 763 m NGF (soit -17m de hauteur d’eau par rapport à la cote maximale d’exploitation). Si de très nombreux acteurs socioprofessionnels auront fait preuve d’une grande résilience avec l’aide du syndicat mixte, ce marnage exceptionnel durant la haute saison touristique réclame l’accroissement significatif de l’adaptation des infrastructures nautiques, afin de sécuriser durablement les activités nombreuses qu’elles accueillent.
Aménagement des plages nautiques
L’objectif est de permettre le plus longtemps possible les pratiques nautiques relevant généralement de la voile légère, du paddle ou du canoë-kayak. Il s’agit ainsi d’aménager de grands espaces au profil régulier et nettoyés d’obstacles ou de ruptures de pente représentant des risques majeurs à ces pratiques. Plutôt que d’apporter partout des matériaux de couverture (galets), ce qui semble excessif au regard de l’importance des surfaces à traiter, sera probablement privilégiée le broyage des matériaux durs présents sur place : cette technique permet en effet de supprimer les blocs possiblement dangereux, tout en créant une « carapace » protectrice sur des sols parfois possiblement boueux (au-delà de l’inconfort qu’ils induisent, le batillage par la vague amène à rendre très turbides les eaux et à générer un risque supplémentaire en termes de sécurité).
Extension des plages balnéaires
ll s’agit de sécuriser l’accueil sur les huit plages publiques aménagées pour la baignade et surveillées en conséquence. L’objet du projet consiste à prolonger l’aménagement déjà réalisé jusqu’à des bathymétries de -5 à -8m jusqu’à -15m minimum lorsque cela est possible : les travaux prévus reposent sur le reprofilage de la berge et l’apport de matériaux locaux (généralement galets du Boscodon) afin de protéger la plage des effets induits par des fonds boueux (turbidité de l’eau, enlisement potentiel, confort des pratiques…).
Si l’apport de ces matériaux en fond de lac semble très favorable au développement piscicole, la granulométrie retenue vise d’abord à s’assurer de la stabilité de ces granulats vis-à-vis du batillage*. Une étude pour déterminer la granulométrie par plage (selon sa pente) accompagne l’adaptation de ces différentes plages.
*batillage : ensemble des remous allant jusqu’à des vagues provoqué soit par la marche d'un bateau, soit par le vent1. Ce volume d’eau qui déferle contre les berges, entraîne une dégradation de celles-ci.